Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

EGALITE DES SEXES ET LAICITE

 

 

La question du voile est fondamentalement une question d'inégalité des sexes, et il est contreproductif politiquement de la réduire à une question de laïcité.

 

Nous allons vous expliquer pourquoi. Mais tout d'abord nous voulons rappeler ceci.

 

Lorsque nous avons dénoncé les viols de guerre, durant la guerre de Yougoslavie, et lorsque nous avons, à ce propos, dénoncé l'obligation faite aux femmes bosniaques de porter le voile, notamment dans les camps de réfugié-e-s gérés par des ONG islamiques,  des intellectuels mobilisés contre Milosevic, ont littéralement ricané.

 

Lorsque la question du foulard est apparue en France, la question posée au conseil d'Etat a évacué le problème du principe d'égalité, rien dans la question posée au conseil d'Etat n'y faisait allusion.

Les hommes politiques ont fuit cette question. Il en eut probablement été autrement si la parité été réalisée.

 

Finalement des femmes qui reviennent à leur rôle traditionnel, cela ne dérange pas trop nos élites politiques, majoritairement masculines. Et faire d'une question de libération des femmes, un débat politique majeur... méfiance, se sont dit les hommes, qu'allons nous réveiller là...

 

Or c'est précisément cette réaction mesquine qu'escomptaient les islamistes. C'est précisément sur ce lâchage, cette occultation du vrai problème de fond, de droit, de principe, que comptaient les islamistes pour brouiller les pistes et les enjeux.

 

Voilà pourquoi.

En diffusant le voile, les islamistes lancent une bombe : ils portent atteinte au coeur de notre édifice, au principe d'égalité, pris dans une de ses modalités : l'égalité des sexes. Le voile est un acte direct d'atteinte à un droit fondamental. Chaque femme qui le porte réduit sa propre liberté.

En voulant dissimuler le problème, les juristes occidentaux réduisent la discussion à une question formelle, celle du port d'un signe d'adhésion à une religion. Porter le signe d'adhésion à une croyance n'est pas un acte d'atteinte directe à un droit fondamental.

C'est ainsi que la virulence de la remise en cause des fondements de nos institutions par les islamistes, a été gommée par les politiques et juristes.

Dès lors les islamistes ont eu le champ libre pour marteler les idées d'identité, de droit à la différence et à la liberté religieuse et faire oublier leur agression contre nos institutions. Puisque nous acceptions nous même de l'occulter...

 

La laïcité est en partie une notion formelle. C'est la création d'un cadre dans lequel pourra s'opérer un dialogue, une vie commune nationale, dont les religions auront été mises en sourdine pour ne pas empêcher le dialogue ou diviser la communauté nationale.

S'en prendre à la laïcité par la simple marque d'une appartenance religieuse est à priori peu grave. Elle n'entraîne pas directement de bouleversement. C'est une atteinte en mineur à la laïcité.

Certes, la laïcité en tant que principe de prééminence de la loi humaine sur la loi divine est une notion de fond, une notion cruciale (si l'on peut dire), mais ce n'est pas à cet aspect là que l'on faisait directement référence en parlant d'un problème de marque d'appartenance religieuse.

 

L'égalité des sexes est un principe de fond.

La contrainte vestimentaire, atteinte directe au principe d'égalité des sexes, est donc une atteinte beaucoup plus grave, sans commune mesure, elle est un renversement du droit appliqué effectivement.

C'est ce que nos intellectuels n'ont pas voulu voir.

 

Le but des islamistes est de remplacer l'ordre juridique occidental, par un ordre islamique.

En faisant porter le voile, ils ne font pas seulement dire aux fillettes " je suis musulmane", ils instaurent directement l'ordre islamique et dans le même temps, par le même geste, il leur font dire "j'adhère à l'ordre islamique". Ils leur font "agir", mettre en acte d'idée que leur appartenance entraîne l'obligation de se soumettre à la loi de dieu plus qu'à la loi de la République.  C'est bien ce que dit la petite Khérroua (cf chapitre droit français) pour justifier son refus d'enlever le voile.

C'est là que l'on rejoint la question de la laïcité en tant que principe de prééminence de la loi démocratique, sur la loi prétendue divine. Indirectement, c'est en effet bien à ce principe de fond, majeur dans "notre", dans la, civilisation démocratique, que les islamistes s'attaquent.

C'est cette atteinte en majeur à la laïcité, que l'occultation de la question de l'égalité des sexes, dissimule aux intellos-machos et politico-machos.

 

C'est le mépris de la gauche iranienne, laïque, nourrie de l'idéologie"post-moderne" occidentale de l'identité culturelle, pour les droits des femmes, qui lui a masqué l'enjeu démocratique fondamental, que représentait le discours des ayatollah sur le rôle traditionnel des femmes et ce qu'annonçaient les manifestations des marées humaines en tchador (aux cris de "dis mort au chah", dis "mort" ...). (voir chapitre sur l'Iran)

C'est le même mépris de la gauche française( mais pas seulement de la gauche, d'une grande partie de nos "élites" masculines) pour les droits des femmes ici, la même crainte petite, mesquine, d'en faire "trop" pour un problème de femmes, qui lui masque la manipulation assez grossière somme toute, assez évidente des islamistes.

C'est aussi son (leur) minable snobisme intellectuel qui la pousse à chercher un sens non apparent qui serait le vrai, derrière la réalité évidente, énorme, tellement simple : "je renverse ton mode de vie, je m'impose".

 

Le port du voile n'est pas dangereux en tant que simple marque d'appartenance à une religion, il est dangereux en tant qu'atteinte à l'ordre public, en tant qu'il constitue une atteinte aux droits des femmes et en tant qu'il manifeste ostensiblement la contestation du principe même d'égalité, en tant qu'il conteste par là, la liberté humaine démocratique de penser en dehors de la religion.

 

Enfin, la seule considération de la laïcité ne permet pas de refuser le port du voile dans les écoles privées confessionnelles, où le port de signes religieux est par définition admis. Pour refuser le port de tenues sexistes dans les écoles privées, il faut invoquer le principe d'égalité des sexes.

Les hommes qui se torturent la conscience à l'idée de renvoyer les jeunes filles vers des lieux communautaires rétrogrades, verraient leurs tourments cesser immédiatement s'ils arrivaient à envisager de songer à penser "égalité des sexes". Egalité des sexes donc interdit de bafouer ce principe que ce soit dans le privé ou dans le public.

 

C'est pourquoi notre campagne s'intitule : EGALITE DES SEXES (d'abord) ET LAICITE (ensuite).

 

 

Le C.E.R.F.