Cercle
d'Etude de Réformes Féministes
Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté
NON A L'ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX
EN DEHORS DES COURS D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE
LA LAICITE ET LE DEVOIR DE RESERVE
L’enseignement du « fait religieux » est un piège cousu de fil blanc. Quand on aura fait croire à une génération qu’il y a un « fait religieux », incontournable, auquel nul ne peut y échapper, il ne restera plus qu’à dire que dans ce « fait », il y a en vérité, une religion plus vraie que les autres…
Cet enseignement, qui dit aujourd’hui que les religions sont d’amour et de paix, relève de l’entreprise de crétinisation publique. La mission de l’école est d’exercer l’esprit critique, de diffuser le savoir, elle la trahit en relayant, en fait[1], les dogmes, en faisant purement et simplement le "caté" !
Ce
que l’école doit enseigner, en histoire des idées, en philo, c’est l’état
des questions relatives aux religions. En philosophie : le discours des
religions comme objet d’analyse, les discours critiques sur les religions. En
histoire, l’école doit montrer les réalités des religions : leurs
rapports avec les pouvoirs politiques, les guerres, massacres, tortures commis
en leur nom, y sont de loin plus évidents que leur apport à l’amour de
l'humanité pour l’humanité ...
Par
quelle aberration peut on songer à traiter en classe, des questions de religion
qui sont des plus épineuses parmi les questions philosophiques et politiques,
alors que l’on néglige de plus en plus d’apprendre aux enfants, les bases
de toute démarche intellectuelle, de toute réflexion :
La
langue française elle-même, son vocabulaire et sa grammaire, bases de tout
discours et pensées logiques et construit ; l’art de l’exposé des thèses
et de la discussion des arguments : la dissertation …
Sans
ces outils de base, le dialogue, la réflexion commune et même personnelle sont
impossibles, donc la démocratie est impossible.
Non
seulement le français, la dissertation devraient être renforcés, de même que
l’étude de la logique (en philo comme en maths) mais il ne serait pas inutile
de remettre au programme, l’art de la rhétorique, c'est-à-dire la
connaissance de la construction des discours.
Il est troublant de voir que les adultes semblent d'une part se défausser de leurs responsabilités, de tout engagement, devant les conflits liés au religieux et d'autres. Et d'autre part, qu'ils abusent manifestement de leur pouvoir, qu'ils violent leur devoir de réserve, de laïcité au sens large, lorsqu'ils jettent dans la rue des adolescents de 15 ans sous prétexte d'élections ou de guerre.
Les religions s’entredéchirent, nous ne savons pas quoi faire : armons les enfants pour faire face au conflit, enseignons leur les éléments de réflexion, laissons les juges, alors que nous même n’avons pas su conclure de ces éléments la moindre politique cohérente, au moment où les principes que nous affirmons comme les bases de notre société sont remis en cause par ces "faits religieux".
Nous
sommes dans une politique du
"rien" : face aux agressions dans les collèges, on laisse les
dirigeants d’établissement seuls, face aux heurts dans la ville, et dans les
familles, on « arme intellectuellement les enfants » : on
laisse les enfants seuls juges...
Une politique du rien et d'un autre côté une politique du préjugé : il y a des causes "évidentes" pour lesquels il sied d'envoyer les presqu'enfants manifester ...
A 15 ans,on ne manifeste pas. Jusqu'à 20 ans, à moins de circonstances extrêmes, comme celles qui ont jeté des enfants dans la bataille de 39-45, on n'a qu'un seul devoir : étudier ( en travaillant ou pas).
REPONDRE AU MAL IDENTITAIRE DES JEUNES ISSUS DE L’IMMIGRATION ?
Certains
demandent ce que la République offrirait aux enfants d’immigrés, quelle
identité elle leur propose, à eux qui se posent des questions « identitaires »,
qui se sentent dévalorisés, parce que venant de pays colonisés, victimes de
racisme, d’islamophobie …
On
reproche cette « lacune » à l’école, à la société, on la
rend responsable de l’absence d’intégration des jeunes qui se sentiraient
mal faute de réponses à ces questions…
Nous
répondons :
a) La République n’a d’autre identité à offrir à tous les enfants, de toute origine, que l’ « identité» de citoyen-ne, d’Etre éduqué, apte à lire, apte à apprendre, apte à un esprit critique.
La République
doit offrir aux enfants les moyens intellectuels de trouver des réponses aux
questions de toutes sortes, métaphysiques , psychologiques, politiques ou
autres, elle n’a pas à leur livrer une réponse toute faite. Elle n’a pas
ce devoir, envers qui que ce soit. Elle n’a que le devoir d’enseigner à
toutes et tous, le savoir apprendre, qui permettra à chacun-e de trouver sa,
ses réponses.
Non seulement la République n’a pas le devoir de répondre à ces questions, mais surtout elle n’en a absolument pas le droit ! La République n’a pas d’idéologie à enseigner aux enfants, sauf le minimum correspondant aux principes démocratiques, elle n'a le droit que de leur présenter les diverses idées et enseignements, et les outils intellectuels de l’étude critique.
Il est assez étonnant de devoir le rappeler en 2003 ...
Pire,
envisager de demander à l’école, aux services sociaux, de proposer une
« identité positive, valorisante » à des jeunes issus de
l’immigration, c’est encore les traiter à part, à part et comme une
population présumée à problème…
L’école n’a pas à apprendre à chacun comment faire face à « son » problème de culpabilité pour les uns ou au contraire de honte de soi pour les autres. Elle doit enseigner, à toutes et à tous, qu’il y a des moyens d’affronter sa culpabilité, la culpabilité transmise par les parents, par l’histoire collective, d'analyser des « haine de soi », d'affronter ses responsabilités, de surmonter ses sentiments d’auto-dévalorisation, d'"auto-racisme".
Elle peut enseigner les principes de cette recherche de l’histoire réelle, les mécanismes de l’analyse et de la critique morale.
Mais
en aucun cas elle ne doit fournir à chacun, ou pire, à « certains »,
un viatique tout fait pour le confort moral : à chacun de se construire,
l’école ne peut fournir que les bases des outils intellectuels pour cela,
pour apprendre à se construire ses propres outils pour ce faire.
2-
Si vraiment la République veut traiter « particulièrement » des
problèmes des populations venues de l’immigration :
-
qu’elle apprenne, en philosophie, dans le chapitre religion, tant les idées
des musulmans de toutes obédiences, que l’histoire des « libres
penseurs », des Voltaire de l’islam … Où en parle-t-on en France en
ce moment, alors que le débat sur l’islam fait rage ? Qui sait que sous
le terme « réformisme » on trouve des musulmans qui veulent revenir
aux « sources » dans le sens de l’islam initial le plus « pur »
et qui, contrairement à ce que l’expression « réformiste »
signifie couramment ici, sont les pires des intégristes ? Qui connaît par
contre les noms des vrais « Voltaires »
de l’islam[2] ?
De
ces héros là, les jeunes « originaires de pays musulmans »
peuvent être fiers, aujourd’hui de Taslima Nasreen, de Ibn Warraq, de Salman
Rushie ils peuvent être fiers. Mais ce n’est pas à la République de leur
dire qu’ils peuvent en être fiers, la République peut seulement leur
apprendre que ces penseurs ont existé, (et pas seulement un Ben Laden).
- qu’elle commence enfin à approfondir l’étude des faits de l’histoire « commune » qu’est l’histoire coloniale, de tous les faits, qu’elle étale ( hors l’école …) le procès des atrocités tant de l’armée française que du FLN.
La réconciliation
et la compréhension ne peuvent avoir lieu sans reconnaissance de tous les
faits, de tous les crimes, le pardon ne peut avoir lieu sans reconnaissance des
culpabilités, de toutes les culpabilités de tous bords. Il faut faire ce grand
procès de guerre civile pour savoir, ne plus fantasmer, dire et pardonner et se
réconcilier.
C.E.R.F.