Cercle
d'Etude de Réformes Féministes
Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté
MICHELE VIANES[1]
Michèle Vianes est conseillère municipale déléguée à l’égalité des droits hommes/femmes[1] de Caluire et Cuire (Grand Lyon), Fondatrice et vice-présidente de « Regards de Femmes ». Elle va publier prochainement un essai : « Le foulard islamique : arme contre la République »
Le voile islamique : indicateur
exact d'anticivilisation
"
Déchire, ô fille d'Irak, ton voile,
N'est-il
pas quasiment un faux gardien ? "
Djamal
Sidqa al-Zahaoui poète irakien du début du XX° siècle
Les
réformistes des pays musulmans, depuis la fin du XIX° siècle,
avaient réalisé l'importance de l'émancipation des femmes pour sortir
leurs pays de l'obscurantisme.
En Egypte, Quasim Amin publie
en 1899 La libération de la femme. Il dénonce :" La déchéance
de la femme est, chez nous , l' obstacle majeur à notre marche du bien-être".
et s'interroge "Pourquoi ne demande-t-on pas aux hommes de porter les
voiles s'ils craignent tant d'être séduits par les femmes (…) s'ils sont
incapables de maîtriser leur pulsion."
Le
Tunisien Tahar el Haddad écrit, en
1929, Notre femme dans la législation islamique[2]
et la société .
Son
étude, aussi précise que critique, pose le problème de fond : les femmes sont
l'enjeu essentiel des luttes idéologiques contre la modernité. "Un
peuple ne peut arriver à la condition sociale et culturelle espérée tant que
sa moitié continue à vivre à l'ombre et à l'écart de toute activité"
Leur
message passe. Des femmes créent des associations féminines,
des journaux ou s'expriment en public.
Ainsi,
dès le rétablissement de la souveraineté nationale en Tunisie, Bourguiba a eu
comme préoccupation principale la défense des droits des femmes. Avec pour
acte fort la mise au rebut du voile, qu'il n'hésitait pas à ôter
personnellement aux femmes, symboliquement. Par priorité significative, le 13
août 1956, avant même la proclamation de la République, le code de statut
personnel est adopté. Sont abrogées la polygamie, la répudiation, la
contrainte matrimoniale, un âge minimum (15 ans pour les filles) est
requis pour le mariage.
En
Turquie, depuis son accession au pouvoir en 1923,
Mustapha Kemal, Atatûrk, modernisateur laïque, lutte contre le voile
proclamation insolente des "traditions dégénérées",
refus de la mixité dans l'espace public. Pour les kémalistes, il y a
"un rapport dialectique entre le combat des femmes et celui mené pour
briser l'influence de la religion" Ils remplacent la charia
("loi" islamique) par un code inspiré du code civil suisse et
proclament, dès 1930, le droit de
vote et d'éligibilité pour les femmes. Dès la première législature, en
1935, 18 femmes députées sont élues.
Au début
des années 1970, le voile, "relique médiévale de l'intimidation",
selon l'expression de l'Algérienne Halima Magroune, semblait appelé à disparaître.
La majorité des femmes musulmanes, instruites, urbanisées, modernes ne le
portaient pas.
C'était
compter sans les intégristes islamistes, désirant
imposer leur vision de l'islam au monde entier. En opposition au courant
moderniste, s'est développé un courant conservateur fondamentaliste. Pour les
régressifs, la déchéance du monde musulman aurait pour origine l'oubli des
coutumes et traditions. Ils proposent pour ordre social et politique une
application littérale, ou plutôt une interprétation invérifiable de
conceptions et pratiques religieuses datant de plus de mille ans. Exploitant le
ressentiment des populations musulmanes contre l'Occident et la modernité. Or
en Occident, le caractère le plus visible de la modernité, est
l'affirmation de l' autonomie des femmes.
La
possibilité pour les femmes d'investir les domaines autrefois réservés aux
hommes ainsi que la maîtrise de
leur fécondité ont fait ressurgir chez les incapables d'adaptation
au monde moderne, les peurs ancestrales. Utilisées par tous les
fondamentalistes religieux, de toutes les religions, pour
mettre à nouveau les femmes sous leur coupe,.
Ils
veulent renvoyer les femmes aux schémas traditionnels : procréer selon les
besoins des hommes, les
enfermer, à la maison en les occupant à une multitude de fonctions
domestiques rituelles, autant qu'inutiles, dont l'objectif est de leur rappeler
leur soumission. Pour les musulmanes, le procédé consiste, si elles sortent,
à les voiler, afin que même dehors elles restent dedans, dans un "harem
portatif".
Les
intégristes islamistes, théologiens
de la misogynie, vont, parmi la
masse des hadiths ( plus de 5000),
c'est-à-dire des propos attribués à Mahomet,
mêler références à des textes
reconnus[3]
et à des hadiths plus ou moins obscurs. Ils pourront ainsi imposer une
vision régressive de l'islam pour servir leur intérêt politique :
l'influence sur l'islam mondial.
Leur
idéologie tire sa légitimité de paroles divines sélectionnées. Leur armée
a besoin d'un symbole. Comme la représentation de la femme musulmane dans
l'imaginaire collectif traditionnel est la femme voilée, ils vont choisir pour
emblème le voile. Mais ils vont en
redessiner un, spécifique, le même pour toutes… Ce sera l'étendard qui va
flotter dans tous les pays du monde, montrant leur capacité de pénétration
des différents espaces.
Le
voile est un indicateur exact d'anti-civilisation. Dès que les intégristes
prennent le pouvoir, en Afghanistan ou en Iran, leur premier acte consiste à
revoiler les femmes, de la manière la plus cloîtrante, et la plus humiliante
possible.
La République
française semblait à l'abri des attaques des obscurantismes. L'idée moderne
de laïcité, principe constitutionnel, séparant les églises de l'Etat et le
spirituel du pouvoir temporel, avait permis de sortir les esprits du modèle
archaïque et théocratique des rapports entre les sexes.
Seulement,
la France est haïe par tous les intégristes, puisque
les enfants ne sont pas enfermés dans leurs "communautés"
d'origine, mais considérés indépendamment
de leur origine familiale, leur sexe ou leur couleur comme des citoyens et
citoyennes en devenir. Formés par l'école de la République à
l'autonomie, c'est-à-dire à être maître de leur conscience. Modèle des lumières
contre l'obscurantisme, éveil de l'intelligence contre anesthésie des esprits,
"Le petit Satan Français" va être l'ennemi absolu.
Deux
grands courants musulmans considèrent que la présence de musulmans sur un
territoire en fait "une terre d'islam" relevant de leur loi coranique.
Les wahabbites, financés par l'Arabie Saoudite, dont les "Frères
musulmans sont les exégètes, et les Chi'ites, partisans de Khomeini, remis en
selle en Irak par Georges Bush, s'affrontent pour dominer le monde
La même
année, en 1989,
Khomeini lance une condamnation à mort
appelant à éliminer un sujet britannique, Salman Rushdie, pour
apostasie, et apparaissent en France, soutenues par une organisation proche des
frères musulmans, la future UOIF,
trois jeunes filles voilées dans un collège.
Fantômes,
réincarnations de l'obscurantisme régressif : à peine pubères (parfois même
pré-pubères), la soumission aux hommes doit se traduire par la cérémonie de
voilement du corps. L'objet sexuel est empaqueté, caché hors de l'espace
public, en attendant de lui trouver preneur. N'aura le doit de voir que celui
qui aura acheté, qui aura payé aux parents le droit de disposer, à son gré,
de l'esclave.
Stupéfaction,
horreur, certains y ont vu un phénomène de mode, une fantaisie, un droit à
s'habiller comme on en a envie. Un
droit à la différence? Alors que
c'est un " marqueur " de la discrimination, de l' apartheid sexué,
empêchant de rechercher les convergences et cristallisant la mise sous tutelle
des femmes. Voire le droit de renouer avec "son" origine,
"sa" religion, comme si la République Française,
interdisait à quiconque de penser, dire ou pratiquer, comme meilleur lui
semble. Sous réserve de l'ordre public, qui comprend le respect des autres.
Le
principal du collège voulait exclure le foulard de l'école. Les différentialistes
ont dénoncé l'exclusion des fillettes. Amalgamant l'enfant et
le voile qui la cachait. L'être humain et son signe d'appartenance à
une communauté religieuse. Otant à ces adultes en devenir toute chance
d'explorer le champ de leurs possibles.
Leur fermant tout l'espace de la culture, de la pensée.
Une
aubaine pour les benêts compassionnels[4].
Quoi de plus émouvant que de défendre une enfant, une petite jeune fille face
à la "terreur jacobine" qui affirme
que la loi doit être la même pour tous,
que la mission de l'école est de transmettre à des élèves, et non à
des représentants d'idéologie ou de dogmatisme, la culture de l'humanité, l'élaboration
des théories scientifiques successives et le développement des connaissances.
Les
complexés du colonialisme ont besoin de prouver qu'ils ne sont pas des racistes
islamophobes, ils vont donc comprendre le désir des intégristes religieux de
soumettre leurs enfants à la loi du père pour les " libérer " de
celle de la société ex-colonialiste. Loi patriarcale, contre Etat de droit.
N'hésitant
pas à argumenter que les
Occidentaux ne sauraient
imposer à des personnes - qui auraient, selon eux, des siècles de
retard par rapport à la culture occidentale-
la vision moderne de la liberté de conscience. Considérant les immigrés,
leurs enfants et petits enfants comme incapables de comprendre les valeurs de la
République, ils les installent à titre définitif dans l' ignorance.
Qui
sont les racistes dans l'affaire ?
Lesquels enferment les gens dans des cases ?
Déjà,
l'Encyclopédie de Diderot au XVIII° siècle dénonçait " Cette
coupable indifférence qui nous fait voir sous le même aspect toutes les
opinions des hommes ". Non, ne sont pas équivalents
pluralisme et fanatisme,
conviction personnelle ou religieuse légitime et terrorismes fondamentalistes
qui veulent s'imposer à tous.
Le voile est la négation des
valeurs républicaines de façon frontale : droit contre pseudo-" loi
" islamique (le régime de Vichy avait aussi tenté une attaque systématique
du corpus républicain, y compris l'effacement de Marianne.
Pendant
que les adeptes du retour à la "loi naturelle" pontifient sur leur
indulgence et leur esprit de tolérance, leur complaisance permet aux fanatiques
intégristes d'imposer leur vision d'un islam totalitaire, politique.
Ils
l'imposent d'abord aux autres musulmans. Les " bons musulmans "
seraient ceux qui se plient à leur vision de l'islam. Ils l'imposent aux autres
membres de la société. Faisant croire qu'il n'y a qu'un islam, le leur. Les
acquis auprès de chaque groupe permettant d'augmenter leur représentativité
dans l'autre. Schéma classique de la montée du fascisme, des totalitarismes.
Pour
les intégristes, le foulard islamique est une tactique subtile et habile.
Soit
nous protégeons les fillettes et jeunes filles scolarisées en France de cette
main-mise divine. Alors, par on ne sait quel retournement de sens, en affirmant
qu'elles doivent avoir les mêmes droits que toutes les autres filles,
nous en ferions des exclues.
La démarche de ces
mouvements -chercher à augmenter
leur influence sur leur cible : les musulmans de France- se manifeste. Ils vont
" secourir " ces jeunes filles en dénonçant l'ostracisme dont elles
seraient victimes. Et à travers elles, ce
serait toute la " communauté " qu'ils défendent. Assimilant
la France à une juxtaposition de "communautés", qui auraient
besoin de milices privés, selon le modèle américain, pour vivre tranquilles
dans leur quartier, à l'écart des autres !
Soit
nous laissons faire, en abandonnant les jeunes filles et les fillettes à la
soumission à Dieu. Victoire pour les mouvements qui veulent propager l'islam
intégriste: ils ont obtenu que la charia[5]
soit appliquée en France, pays de la laïcité.
Chaque
fois qu'est toléré, dans l'espace public, une obligation imposée par les
fanatiques, que ce soit le voile, la viande halal, la rupture du jeûne du
ramadan, la non-mixité, dans les piscines ou lors d'activités sportives et
culturelles,… ceci signifie que l'oppression communautaire va pouvoir
s'exercer sur les millions d'hommes et de femmes musulmans, vivant un islam laïque,
largement majoritaires en France. C'est une défaite de la pensée.
Après
ce premier pas décisif, les fanatiques vont pouvoir continuer tranquillement
leur combat dans deux directions. Faire respecter d'autres injonctions
religieuses d'une part. D'autre part, propager le port du voile.
La
multiplication des jeunes filles et femmes voilées est le résultat le plus
visible du discours religieux dominant. En intervenant dans le domaine familial
et social, les théo-terroristes
verts augmentent ainsi leur influence politique.
La
charia ne se cantonne pas à une
barbarie ethnique, et excentrée.
Elle contamine la France. Sur le territoire national, des femmes
étrangères, ou françaises d'origine étrangère, subissent des
discriminations, mariages forcés, répudiation, polygamie, enlèvement
d'enfants,… au nom de cette pseudo-"loi" religieuse. Faisant des
femmes des perpétuelles mineures, perpétuellement
humiliées.
Première
norme du dogme religieux: le respect
absolu de l'autorité et de la supériorité masculine.
Elever les filles en leur faisant intégrer leur subordination,
l'interdit concernant leur corps. Celui-ci, tabou, parce que capable d'attrait
irrépressible sur les hommes, doit
être caché., Renvoyant, par jeu de
miroirs, une image du mâle : un être primaire, incapable de résister à ses
pulsions. Cette immaturité va le dédouaner,
par nature, de toute violence à l'encontre des femmes. Ainsi, les garçons
sont enfermés dans une obligation de virilité
agressive.
Autre
principe absolu, "honneur" du groupe familial,
la virginité des filles.
Elles
appartiennent à la communauté. Avec une fonction précise : permettre à cette
communauté de croître et de se multiplier. Pas d'identité individuelle. D'où
pour la culture identitaire, refus de photos d'identité, identifiant les
femmes.
La
propagande d'hommes et femmes intégristes appartenant à des associations comme
l'UOIF, Femmes Musulmanes de France et toutes les associations locales dérivées,
les étudiants musulmans de France tient le discours, trop identique pour être
spontané, qui figure dans de
nombreuses brochures ou sites Internet[6]
. Leurs moyens : la crainte de Dieu,
des espèces sonnantes ou des menaces : "Vous serez ou putes ou soumises
". Pour avoir " la paix ", éviter des agressions verbales et
physiques dans la rue, le contrôle familial et communautaire, de nombreuses
jeunes filles s' encapuchonnent, leur
supériorité morale étant
ainsi acquise
Enfoulardées, elles veulent
faire subir aux autres ce qu'elles ont accepté de subir. Les " foulardières
" vont avoir un intérêt stratégique à le promouvoir. Selon les critères
prêtés à la loi coranique, les femmes normales
représentent une tentation permanente pour leurs maris. Il est donc
primordial de convaincre les autres de s'affubler. Jouant sur les sentiments de
piété et de crainte, la pieuvre intégriste s'auto alimente.
Présumées
incapables de préserver leur vertu la tête découverte, elles ne seraient
autorisées, par Dieu ou leur mari, leur père, leur frère, leur fils à sortir
dans l'espace public qu'en se cachant. Voire par leurs belles-filles, qui, pour
s'opposer au lien unissant les maris à leurs mères, portent le voile afin de
montrer leur supériorité. Elles s'enferment
alors dans une tradition encore plus exclusive, l'univers des lois chariatiques.
En
portant le voile, elles soumettent leurs enfants aux schémas archaïques théologiques.
Elles reproduisent " la séparation sexuelle des tâches et de
l'espace [7]"
: les filles soumises restent entre elles à la maison, les garçons "
petits princes " dessinant un tchador,
maîtres de la rue. [Nul n'ignore que les autres "communautés"
intégristes -catholiques, protestantes, juives ou sectaires- ont exactement le
même objectif.]
Dans la volonté d'enfermer
les femmes dans les schémas archaïques, l'école
est l'ennemi. Il convient donc de noter les tentatives de déscolarisation des
petites filles par la création de
" joujouthèques " qui leur sont réservées.
Il ne s'agit pas d'écoles confessionnelles qui nécessiteraient
enseignants reconnus, programmes respectés et règles de sécurité
indispensables, mais bien d'écoles clandestines. A rapprocher des associations
dont l'objectif est de " faire
du soutien scolaire aux jeunes filles renvoyées
de l'école pour port du foulard islamique " . Là aussi, en cas de
renvoi, ce ne serait pas soutien,
mais école clandestine.
L'objectif
est également d' empêcher les jeunes filles d'acquérir leur autonomie et de
sortir du schéma traditionnel imposé par la coutume grâce à l'exercice
d'activités professionnelles. En (s')
imposant le port du foulard, en considérant
l'obligation religieuse comme prioritaire
dans la définition de projets de
formation et d'insertion professionnelle, c'est augmenter singulièrement la
difficulté de recherche d'un emploi. Et ensuite jouer sur le compassionnel pour
dénoncer le fait de ne pas en trouver…
Le
foulard islamique donne une illusion
de supériorité
aux femmes porteuses. Elles
ont même le droit de parler, une fois qu'elles s'en affublent. Appliquant les
principes de la charia utilisés lors de
la répudiation, "je le dis trois fois, donc c'est la réalité".
Par les mêmes invocations aberrantes, certaines enfoulardées en France,
osent prétendre, alors qu'elles nient les principes d'égalités hommes/
femmes, et perpétuent les pratiques machistes les plus
violentes et les plus archaïques, qu'elles feraient cela au nom d'une
vision islamiste du féminisme.
Elles le répètent trois fois et s'attendent à ce qu'on les croit !
Ignorantes
ou oublieuses de toutes les femmes qui ont lutté ou luttent contre
l'enfermement. En particulier des Algériennes,
brûlées ou vitriolées parce qu'elles refusent de porter le voile,
Ainsi que de toutes celles qui ont porté la condition des femmes à un
degré évidemment supérieur en raison, en autonomie et en culture à celui des
moulins à prière qui veulent en remontrer au monde entier.
Il est un peu pénible et franchement insupportable de voir vanter les
suprêmes valeurs de la conception bédouine de la société et du statut de la
femme afférant aux héritières et héritiers d'une histoire qui a produit
Louise Labbé, Gabrielle Suchon, Christine
de Pisan, Madame de Sévigné, Madame
de Staël, Olympe de Gouges, Louise Michel et tant d'autres.
Au
fond, en Europe, au XXI° siècle, qu'importent ces considérations ? Pourquoi
nos sociétés se plieraient-elles à des principes sauvages ?
Refuser
le foulard, c'est ôter la pièce maîtresse autour de laquelle s'est construit
tout le réseau intégriste. Il est
urgent que les politiques prennent leurs responsabilités, rappellent la loi, précisent
la règle et sanctionnent, le cas échéant.
La laïcité ne se limite pas à l'école. Le gouvernement doit veiller à ce
principe constitutionnel dans tous ses services, pour et par tous les personnels
et usagers. Respecter le service public et ses agents, que ce soit dans les
mairies, les écoles, les tribunaux, les hôpitaux, les services de
protection médicale et infantile,
la Poste,…
Ne
pas accepter la loi du " tout est négociable ",
ni celle du quartier, pneus crevés, menaces,...
Depuis
plus de dix ans, on laisse faire. Les voix qui s'élèvent ici et là sont
considérées comme politiquement incorrectes, ringardes. La laïcité comme un
urticaire républicain et les droits des femmes comme des revendications d'hystériques.
Les coutumes archaïques théocratiques datant de plusieurs millénaires, voilà
le nec plus ultra des adeptes du retour au source.
"
Une négligence continuelle n'est pas tolérable " écrivait Voltaire.
Accepter un droit " différencié ", une discrimination en fonction de
la religion, de la couleur ou du
sexe est contraire aux valeurs
fondamentales de la République. Fermer les yeux et renoncer à appliquer les
lois existantes par compassion insensée ou lâcheté est tout aussi dangereux.
Il faut dénoncer la manière dont la peste du totalitarisme génétiquement
modifié a pu s'emparer de certains esprits et de quelques espaces.
Il est nécessaire d'apprendre, dès le plus jeune âge, aux garçons et
aux filles, à vivre ensemble dans le respect mutuel des différences sexuées
qui ne doivent pas se traduire en inégalités. Ceci permettra
de créer une réelle mixité sociale et de donner tout son sens
à la laïcité.
Interdire
le voile c'est organiser la fusion entre combats laïques et féministes. Etre
laïque, c'est se battre pour l'égalité des droits entre les citoyens, c'est
notamment le but des féministes. Les féministes ont toujours dû lutter contre
le poids des traditions religieuses sur la société.
La séparation des églises et de l'Etat est préalable pour que les
femmes accèdent aux droits fondamentaux de la personne humaine.
Bien
sûr, le voile est d'abord le déni des droits
des femmes. Mais là où il y a oppression des
femmes au nom d'un dogme religieux, il n'y a pas de liberté pour les
hommes. Les luttes humanistes contre l'absolutisme, la séparation des
pouvoirs des églises et de l'Etat, l'idéal laïque ont été les leviers qui
ont permis aux hommes et aux femmes de lutter pour leurs droits,
d' ôter le voile de l'oppression.
Le
rendez-vous de la République française pour le centenaire de la séparation
des églises et de l'Etat avec
l'Histoire en 2005 ne doit pas être
manqué. Nous en sommes comptables vis à vis des femmes, ici et ailleurs, qui
nous demandent d'être solidaires de leur lutte.
Cela,
évidemment, vaut à l'égard de tous les intégrismes religieux ou sectaires.
Ils observent l'assaut donné aux valeurs de la République par les
fondamentalistes musulmans, pour voir ce qu'ils pourraient obtenir eux aussi. Si
une religion réussissait à naufrager la République, combien d'autres et
combien de sectes se "résigneraient", avec une douce violence à
jouer les pilleurs d'épave.
____
[2] -Disponible sur le site internet de la bibliothèque nationale tunisienne.
[3] Que le Coran soit parole révélée de dieu à Mahomet par l’intermédiaire de l’ange Gabriel ou non, importe peu. Toute religion relève de la foi, donc de l’invérifiable. Sont essentielles par contre les conséquences sur l’autonomie des femmes des obligations et interdits prêtés aux textes religieux musulmans.
Mahomet parle trois fois, mais en termes différents, d’une séparation ou d’un « survêtement », dont les traductions variées ainsi que les objectifs différents ne prouvent qu’un chose : autour de lui, ni ses femmes, ni les épouses de ses compagnons ne portaient le voile, contrairement aux femmes juives et chrétiennes qui vivaient à Médine au VII° siècle !
[4] Compassion : souffrir avec, partager la passion au sens christique du terme ; benêt : niais, avec pour étymologie « béni » [donc croisement de la niaiserie et de la bénédiction religieuse]
[5] La charia, « loi » religieuse contient les injonctions et prohibitions dans les domaines juridiques, moraux et privés, « reconnues historiquement par l’islam ». L’objectif des intégristes : la faire appliquer partout. Des interprétations ou innovations peuvent être déclarées licites par les « docteurs de la loi islamique », les oulémas. Elles ne concernent que le droit pénal, commercial ou administratif, jamais les droits des femmes.
[6] Par exemple Oumma.com, avec « Foulard islamique : mode d’emploi » d’un docteur Milcent, rebaptisé Docteur Abdallah
[7] expression de Zakia Daoud, Luttes féminines au Maroc, in Awal 1999 n° 20, Paris, Edition de la Maison des sciences de l’Homme.