Cercle d'Etude de Réformes Féministes

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

HANI RAMADAN

directeur du Centre islamique de Genève

LA VIE FAMILIALE RECUEIL DE HADITHS

Editions Tawhid 2002

"« Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, éxhortez-les, éloignez-vous d'elles dans les couches, et frappez-les. Si elles vous obéissent, ne cherchez alors aucune voie contre elles. » (Coran 4/34) Contrairement à ce que certains ont déduit de ce verset, l'Islam remet ici en cause l'habitude courante chez les polythéistes arabes qui consis­tait à frapper les femmes en toute occasion. Le verset, comme la parole du Prophète, signifie clairement que la femme ne peut être brutalisée sans raison, et que même si elle désobéit par une attitude qui met en danger l'avenir de sa famille et de ses enfants, son mari ne pourra pas envisager cette mesure extrême sans être passé d'abord par deux étapes au moins : l'exhortation et le fait de s'en écarter sans pour autant quitter le foyer conjugal. Enfin, s'il passe à l'acte, il lui est interdit de frapper le visage et d'être trop brutal."

LA FEMME EN ISLAM

Editions Maison d’Ennour Paris 2001

"Contrairement à l'idée communément admise en Occident, selon laquelle la femme musulmane est maltraitée et méprisée, on peut affirmer que l'Islam a en fait donné à la femme, tant sur le plan spirituel que sur le plan communautaire, un statut jamais égalé par aucune autre société humaine jusqu'à nos jours."

"L'homme a plusieurs avantages sur la femme : sa force physique, sa puissance de travail, la faculté de prendre en outre des décisions mesurées. La femme au contraire est douée d'une sensibilité et d'une intuition fines, qui correspondent bien à sa fonction primordiale qui

consiste à élever ses enfants et à répondre constamment aux premières urgences de la vie.

C'est donc à l'homme que doit revenir le rôle de chef de famille.

Dieu dit encore: "Les hommes ont la charge et la direction des femmes vu les avantages que Dieu a accordés aux uns de préférence aux autres et vu les dépenses qu'ils font pour assurer leur entretien." (Coran, 4; 34)

C'est à l'homme que revient la responsabilité financière du couple. Il est donc normal qu'il prenne la direction du ménage.

On aurait tort cependant de considérer que le mari, dans la famille musulmane, est automatiquement un dictateur!  L'Islam au contraire insiste sur le caractère utile des consultations familiales avant la prise de décisions engageant l'avenir du couple aussi bien que celui des enfants.

Dieu dit: Si, d'un commun accord et après consultation réciproque, les parents veulent sevrer leur enfant, aucune faute ne leur sera reprochée." (Coran, 2; 233)

La consultation des femmes en pareil cas, recommandée par le Coran, montre que l'Islam a une conception du couple tout à fait exemplaire et universelle."

" ... La loi islamique, en autorisant la polygamie, est parfaitement rationnelle."

LA CHARIA INCOMPRISE

Le Monde  10 septembre 2002

"Les peines concernant le vol et l'adultère ne peuvent être appliquées que dans une société où sont protégées les normes et les valeurs islamiques. Il est exclu de couper la main du voleur dans un Etat qui ne donne pas à ce dernier les moyens de vivre dignement. (...)

La lapidation prévue en cas d'adultère n'est envisageable que si quatre personnes ont été des témoins oculaires du délit. Ce qui est pratiquement irréalisable, à moins que le musulman choisisse d'avouer sa faute. (...) Une grossesse illégitime peut également entraîner une mise en accusation. Mais en affirmant avoir été contrainte ou victime d'un viol, ou en soutenant que l'enfant est bien légitime, la femme échappera à toute sanction. (...) On le voit : ces peines ont donc surtout une valeur dissuasive. (...)

Parce qu'il s'agit d'une injonction divine, la rigueur de cette loi est éprouvante pour les musulmans eux-mêmes. Elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification. (...)"

"Or nous demandons : qui a créé le virus du sida ? Observez que la personne qui respecte strictement les commandements divins est à l'abri de cette infection, qui ne peut atteindre, à moins d'une erreur de transfusion sanguine, un individu qui n'entretient aucun rapport extraconjugal, qui n'a pas de pratique homosexuelle et qui évite la consommation de drogue. Par rapport à ces principes de base, seuls s'exposent à la contamination ceux qui ont un comportement déviant. (...)"

"Avant de juger cette conception moralisatrice et complètement dépassée, je propose simplement que l'on fasse un effort de réflexion : la mort lente d'un malade atteint du sida est-elle moins significative que celle d'une personne lapidée ? (...)

En clair, que ceux qui nient qu'un Dieu d'amour ait ordonné ou maintenu la lapidation de l'homme et de la femme adultères se souviennent que le virus du sida n'est pas issu du néant. (...)

Les musulmans sont convaincus de la nécessité, en tout temps et tout lieu, de revenir à la loi divine. Ils voient dans la rigueur de celle-ci le signe de la miséricorde divine. Cette conviction n'est pas nourrie par un fanatisme aveugle, mais par un réalisme correspondant à la nature des choses de la vie. Vivre en paix et en conformité avec l'être et le devoir, tel est le principe de leur engagement, parce que, comme le souligne le Coran, "c'est certes à Dieu qu'appartiennent la création et le commandement". (7, 54) (...)"